Communiqués de presse

La réforme de l’Ecole de commerce : ce n’est pas qu’une question de vocabulaire

La rentrée 23-24 a été marquée dans le secondaire II par la mise en place de la nouvelle réforme du CFC d’employé·e de commerce (ORFO23). Cette réforme voulue par les entreprises depuis au moins  2019 devait permettre aux apprenti·e·s de mieux correspondre aux exigences du monde du travail en termes de compétences. Ce mot a son importance : l’enjeu initial de la réforme est de passer d’un enseignement disciplinaire à un enseignement par compétences, censé mieux correspondre aux attentes des employeur·euse·s. Au-delà de la question éthique de la remise en question du rôle de l’école (doit-elle être en adéquation avec le monde du travail ou former des citoyen·ne·s, quel que soit le choix de filières des élèves) se pose la question de la mise en place de la réforme dans des conditions qui peuvent être ajustables, mais qui doivent donner des garanties de suivi.

Voici quelques exemples des problèmes rencontrés par les collaborateur·ice·s et élèves en ce début d’année scolaire[1].

La formation des enseignant·e·s pour mener cette réforme est pour le moins lacunaire. Les formations proposées au premier semestre 2023 révélaient surtout l’impréparation et la non-finalisation des ressources pédagogiques, nécessaires et obligatoires pour la mise en place de la réforme. Les demi-journées de formation de la semaine précédant la rentrée n’ont pas offert de meilleure perspective aux enseignant·e·s, pour autant qu’on ait compris le nouvel acronyme de sa compétence.

Les documents préparés pour la réforme comportent des erreurs, et le manque d’informations empêche la planification et la préparation des enseignements, pour autant qu’on ait compris pourquoi en tant qu’enseignant·e de mathématiques on enseigne la création de logos.

Le matériel nécessaire pour la mise en place de la réforme pose des problèmes, tant dans son accessibilité, son utilisation, que dans son inadéquation au niveau des compétences et exercices préparés pour des élèves qui arrivent du cycle d’orientation. De plus, la garantie de la confidentialité des données des utilisateur·ice·s n’est pas assurée, pour autant qu’on puisse se connecter et utiliser les outils.

Tous ces éléments mettent les enseignant·e·s face à des difficultés importantes qui conduisent à une fatigue extrême. En effet, afin de pallier les manques de la réforme, les collègues tentent de compenser en adaptant les contenus, en inventant des stratagèmes pour contourner les problèmes techniques, en travaillant d’arrache-pied afin d’arriver face aux élèves avec un cours de qualité, pour autant qu’on puisse les évaluer, mais les grilles ne sont pas prêtes.

Il est temps de souligner à présent l’ironie sous-jacente à cette réforme : ce n’est pas qu’une question de vocabulaire. Un changement éthique aussi important demande du temps, de la concertation et de la formation. Toutes ces demandes ont été adressées à maintes reprises par les associations représentatives du personnel et par les collaborateur·ice·s depuis plus de deux ans. Malgré ces nombreuses alertes – notamment un cahier de revendications composé lors d’une journée d’étude organisée par l’UNION en novembre 2022 – rien n’a été fait. La compétence de celles et ceux qui souhaitent mener cette réforme ne doit-elle pas être de tenir compte de la réalité de cette rentrée et de protéger tant les enseignant·e·s que les élèves face à ce climat d’incertitudes ?


[1] Les informations listées ci-dessous révèlent la réalité du terrain après un mois de cours…