Communiqués de presse

Ô école ! Ô disciplines ! Ô humanités ! … N’ai-je donc tant enseigné que pour finir par coacher ?

Déjà cinq ans que la réforme est en chantier. Déjà cinq ans qu’on discute sans avancer. Déjà cinq ans qu’on annonce que tout va changer. Et pourtant rien n’a encore été décidé.

La structure de la réforme de l’École de Commerce (EC), exigée par Berne, promet un changement en profondeur : elle remet en cause l’enseignement par discipline pour « l’enseignement par compétences ». Mais encore aujourd’hui, le DIP n’est pas en mesure d’expliciter ce que les enseignant·e·s vont enseigner aux élèves. En effet, si les contenus disciplinaires doivent se mêler à l’enseignement de compétences, pour l’instant, personne n’est formé à cette nouvelle pédagogie, alors que l’entrée en vigueur est prévue pour la rentrée 2023. Le projet pilote ne suffit pas à répondre aux très nombreuses questions engendrées par ce changement de paradigme.

La réforme aurait dû entrer en vigueur à la rentrée 2022. Malgré un report d’un an, aucune formation n’a été mise en place pour les enseignant·e·s, et les programmes ne sont toujours pas définis. Les conditions de travail de la période transitoire ne sont pas claires non plus : les enseignant·e·s vont proposer des vœux d’emploi sans savoir ce qu’ils·elles vont faire et avec qui ils·elles vont travailler à la rentrée 2023. Le projet n’a pas été présenté aux partenaires sociaux, le DIP a tout fait pour s’y dérober, et a fait en sorte que ceux-ci soient le moins possible impliqués dans les processus de discussion et de décision, car les espaces créés n’ont jamais permis de les consulter sur la didactique et la forme des enseignements.

Nous nous réjouissons cependant de la garantie du DIP de préserver l’emploi du personnel en place. Aucun licenciement n’est prévu, mais on peut regretter la perte d’attractivité de la profession liée au flou de la réforme et ses implications.

Une réforme d’une telle ampleur nécessite que les spécialistes du terrain en soient partie prenante. Nous comprenons la volonté de préparer les élèves à un monde en constante mutation et avons à cœur que les futur·e·s diplômé·e·s de l’EC correspondent au mieux aux exigences du monde du travail de demain. Mais n’y a-t-il pas un paradoxe à vouloir enseigner des tâches sans les accompagner de capacités réflexives qui leur permettront d’évoluer dans un environnement professionnel qui change tout le temps? Notre constat devrait inquiéter tant les entreprises que les parents.